A TRAVERS L'EXPERIENCE
TRANSMETTRE
Questionner le paysage, sa construction, ses pratiques, sa représentation, ses outils ...
JARDIN D'EXPERIENCES '16
COLOPHON
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J’ai appris à comprendre et ressentir le terrain dès mes études secondaires dans une école agricole. Le passage par des études supérieures et notamment l’école nationale Supérieure de Paysage (Site de Versailles) ont conforté mes intuitions sur les relations intimes qui coexistent entre « faire, apprendre et comprendre ».
Suite à un premier projet mené par quelques étudiants en 2015 (l’instant), j’ai saisi l’opportunité de la FA+UMons en 2016 pour organiser un « atelier actif auto-proclamé » - entendons par là un workshop - intitulé « Jardin d’expériences ».
Les architectes et les paysagistes ont un processus créatif similaire basé sur la démarche de projet. Le paysagiste cultive en plus l’art de la rencontre . En tant que futurs maitres d’œuvre de projets urbains et transformateurs de paysage, les étudiants architectes doivent cerner les interactions entre les éléments contextuels, temporels, projectuels, scalaires, etc... que le paysagiste peut apporter, notamment à travers le jardinage.
Le « jardin d’expériences » se veut être un espace de liberté et d’ouverture pour des futurs architectes. ils ont la possibilité d’enrichir par la pratique de terrain leur propre démarche/approche.
Ce ne sont pas seulement des architectes qui jardinent, ce sont des architectes qui comprennent, assimilent l’espace et le vivant qui les entoure.
Le jardin d'expériences (JExp’) est un atelier pédagogique sous la forme d’un chantier d'aménagement de paysage. Il est dispensé à l’UMons depuis 2016 au sein de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme (FA+U), dans les temps de workshop annuels.
En plus de questionner le savoir-faire et savoir-être des étudiants architectes à travers l’acte de jardinage, le Jexp’ interroge la matière de réemploi et invite les étudiants à faire "avec".
Il fait partie du réseau inter-universitaire P.A.P.A. (Pédagogie par l’Action en Paysage et en Architecture) Umons/ULB/ULiège.
Jardiner (-age) : Le jardinage est un art, comme l’ébéniste, ou le menuisier. C’est une spécialité propre aux jardins. Le verbe jardiner veut définir « une action d’entretenir », ce qui contraint le lieu à la répétition d’un geste. Le jardinier a besoin de temps pour voir évoluer ses actions. Actuellement, on ne jardine plus seulement pour vivre mais aussi pour l’agrément. Jardiner permet de penser, comme l’expérience ?
Jardiner, c’est aussi une manière de s’approprier un site, de l’habiter. Pour pouvoir aller plus loin, la définition de jardinage propose « sur son versant non productif, le jardinage possède en propre la capacité de dépenser de l’énergie pour satisfaire le plaisir des sens et de l’esprit ». Ces deux définitions rejoignent celles de l’expérience. En effet, on retrouve les termes « d’action », et celui de « sens ».
Peut-on redéfinir l’expérience, qui deviendrai alors « agir par les sens » ? Le jardinage est donc une expérience ? Est-ce que l’action sur un terrain donné peut avoir une répercussion à une plus grande échelle ?
Au terme de cette investigation, nous avons vu comment jardiner, et jardiner une friche, relevé de l’expérience scientifique. Avec Gilles Clément, dans « Manifeste du tiers paysage », nous pouvons donc affirmer que « La réalité toute entière tient dans l’expérience. Uniquement. Sans jardinage, le jardin n’existe pas. »Cette expérience atypique, beaucoup l’expérimentent en faisant du jardinage un agrément. On se place ici du coté du plaisir, des sens en attente d’un résultat. La particularité de cette expérience, c’est que jardiner permet d’assainir et d’avoir des impacts à plus grande échelle.
Definitions:Le petit Larousse illustré, 1994
«Art de saisir et de dessaisir, le projet de paysage relève à la fois d’une rencontre et de la capacité de transmettre celle-ci aux différents acteurs concernés, et tout particulièrement aux usagers.
L’enjeu paysagiste est donc de réussir à communiquer ce pressentiment, cette rencontre, à travers un dispositif spatial. (...) Comme si le paysagiste était finalement le premier usager de son projet et qu’il cherchait, à travers une mise en forme, à partager, à passer son expérience des lieux»
Sonia KERAVEL, passeurs de paysage, METIS, 2015, 144 p.